Almamy Samory Touré était un chef de guerre légendaire et un résistant emblématique à la colonisation française en Afrique de l'Ouest à la fin du 19ème siècle.
Né vers 1830 à Miniambaladougou en Guinée, il fonda l'empire éphémère du Wassoulou qui s'étendait du Mali à la Côte d'Ivoire.
Stratège militaire hors pair, il mena une lutte acharnée contre les forces coloniales françaises pendant près de deux décennies, remportant d'importantes victoires avant d'être finalement vaincu et capturé en 1898.
Son arrestation marqua l'achèvement de la conquête française en Afrique de l'Ouest.
Considéré comme le dernier grand chef noir indépendant de la région, Samory Touré est devenu un symbole de la résistance africaine à la domination coloniale et une figure emblématique du panafricanisme.
Introduction
Almamy Samory Touré, l'un des plus grands résistants africains à la colonisation, a marqué l'histoire de l'Afrique de l'Ouest par sa lutte acharnée contre la pénétration française et britannique.
Né vers 1830 à Miniambaladougou, dans l'actuelle Guinée, Samory Touré a su forger un empire éphémère, le Wassoulou, qui s'étendait de Siguiri au Mali jusqu'aux régions forestières de la Moyenne Guinée.
Son parcours hors du commun, rythmé par des guerres incessantes et une résistance farouche, a fait de lui un symbole de la lutte contre la domination coloniale.
Premières années
Issu d'une famille de marchands dioulas, Samory Touré grandit dans une Afrique de l'Ouest en pleine mutation, marquée par l'intensification des contacts avec les Européens.
Le commerce avec l'Europe avait enrichi certains États africains, tandis que l'utilisation croissante des armes à feu modifiait la nature de la guerre traditionnelle.
Dès son plus jeune âge, Samory Touré est confronté aux aléas de la vie, lorsque sa mère, Sokhona Camara, est capturée et réduite en esclavage lors d'un raid mené par Sory Bourama du clan Cissé.
Pour racheter la liberté de sa mère, le jeune Samory se met au service des Cissé, auprès desquels il apprend le maniement des armes. Cette expérience forgera son caractère et son aptitude au combat.
Après avoir servi pendant "sept ans, sept mois, sept jours", selon la tradition, Samory Touré rejoint d'autres seigneurs, comme le roi du Toron, Bitiké-Souané, et le faama des Bérété, Saransware-Mori, afin de parfaire son apprentissage militaire.
Empire
En 1861, Samory Touré est nommé kélétigui (chef de guerre) à Dyala, où il prête serment de protéger son peuple contre les Bérété et les Cissé.
Il crée alors une armée professionnelle, nommant ses proches aux postes de commandement. Dès lors, Samory Touré entame la construction de son empire, le Wassoulou.
L'une des batailles marquantes de cette période est celle de Saman-Saman, où Samory Touré affronte les royaumes de Diamoro Adji Diakité et Worokodo Famoudou.
Grâce à son habileté tactique et à sa diplomatie, il parvient à vaincre ses adversaires sans effusion de sang, scellant ainsi sa réputation de faama (empereur) dans tout le Mandé.
Au fil des années, Samory Touré consolide son emprise sur des villes clés comme Kankan, centre névralgique du commerce dioula.
Son armée, composée de fantassins et de cavaliers, se modernise et adopte des standards européens. Samory Touré tisse également des liens commerciaux et diplomatiques avec d'autres empires voisins, comme l'empire toucouleur.
Résistance à la colonisation française (1881-1893)
À la fin des années 1870, les Français entament leur expansion en Afrique de l'Ouest, entrant en conflit direct avec Samory Touré.
Ce dernier tente de neutraliser la menace française en étendant son influence vers le sud, sécurisant une ligne de communication avec le Liberia.
En 1886, il signe un traité de paix et de commerce avec les Français, reconnaissant leur zone d'influence sur la rive gauche du Niger.
Cependant, les tensions persistent, et en 1887, Samory Touré peut compter sur une armée disciplinée de 30 000 à 35 000 fantassins et 3 000 cavaliers.
Les Français, déterminés à ne pas laisser Samory consolider ses positions, exploitent les rébellions de tribus animistes soumises, forçant Samory à céder des territoires entre 1886 et 1889.
En 1891, une expédition française attaque directement Kankan, contraignant Samory Touré à mener une guerre de mouvement.
Bien qu'il remporte des victoires contre des colonnes françaises isolées, comme à Dabadougou en 1891, il échoue à chasser complètement les Français du cœur de son royaume.
Guerres
En juin 1892, les Français capturent Bissandougou, la capitale du Wassoulou, portant un coup dur à Samory Touré.
L'arrêt des ventes d'armes par les Britanniques, soucieux de respecter la convention de Bruxelles de 1890 sur l'éradication de l'esclavage, affaiblit davantage sa position.
En 1893, Samory Touré s'établit dans la zone du Baoulé-Nord, transformant le marché agro-pastoral de Kotia Kofikro en un important marché d'esclaves jusqu'en 1898.
Évitant un affrontement direct avec les Français, il mène une politique de la terre brûlée, dévastant chaque parcelle de terrain qu'il évacue.
Défaite
Malgré sa résistance acharnée, Samory Touré doit faire face à la supériorité matérielle de ses ennemis. En 1898, après une attaque perpétrée par l'un de ses fils contre un bataillon français, une campagne de représailles est lancée.
Le 29 septembre 1898, Samory Touré est capturé par surprise à Guélémou par le capitaine Gouraud. Ses principaux fils et les restes de son armée déposent les armes, marquant la fin de sa lutte.
Exil au Gabon
Après sa défaite, Samory Touré est exilé au Gabon, où il meurt en captivité le 2 juin 1900 des suites d'une pneumonie. Son arrestation marque l'achèvement de la conquête de l'Afrique de l'Ouest par les puissances coloniales.
Postérité
Samory Touré laisse derrière lui un héritage indélébile. Son arrière-petit-fils, Ahmed Sékou Touré, deviendra le premier président de la Guinée indépendante, défendant un programme anti-colonial.
Samory Touré est ainsi considéré comme une figure emblématique du panafricanisme et de la résistance africaine à l'expansion coloniale.
Héritage
Au-delà de son parcours militaire, Samory Touré a également laissé une empreinte durable sur le plan social et politique.
Son empire, le Wassoulou, était régi par des principes d'unité et d'égalité, transcendant les divisions tribales et ethniques. Il a su créer une armée professionnelle et disciplinée, adoptant des techniques modernes tout en préservant les traditions africaines.
Samory Touré a également joué un rôle crucial dans le développement du commerce et des échanges culturels dans la région.
Ses relations diplomatiques avec d'autres empires africains et les puissances européennes ont contribué à ouvrir de nouvelles voies de communication et d'échanges.
Conclusion
Almamy Samory Touré restera à jamais gravé dans la mémoire collective comme l'un des plus grands résistants africains à la colonisation.
Son parcours hors du commun, marqué par une détermination inébranlable et une volonté de préserver l'indépendance de son peuple, en fait un véritable héros national.
Son héritage continue d'inspirer les mouvements de libération et de renaissance africaine, rappelant l'importance de la lutte contre l'oppression et la domination étrangère.