Diaryatou Bah est une militante féministe et laïque franco-guinéenne née le 25 octobre 1985 en Guinée, devenue une figure majeure de la lutte contre l'excision et les violences faites aux femmes. Survivante de l'excision à l'âge de 8 ans et d'un mariage forcé à 13 ans avec un homme de 45 ans, elle a réussi à s'émanciper et à transformer son traumatisme en force militante. Fondatrice de l'association "Espoirs et Combats des femmes", auteure de l'autobiographie "On m'a volé mon enfance" (2006), et éducatrice dans un centre d'insertion sociale, elle mène un combat infatigable pour sensibiliser sur les mutilations génitales féminines et l'émancipation des femmes.
Son engagement lui a valu plusieurs distinctions, dont le prix du courage "Elles de France" en 2018 et le titre de Chevalier de l'Ordre national du Mérite en 2022. Naturalisée française en 2014, elle est également conseillère municipale à Romainville et continue d'alerter sur les dangers de l'excision, notamment sa médicalisation croissante dans les hôpitaux africains.
A lire dans cet article
Introduction
Diaryatou Bah est une militante féministe et laïque franco-guinéenne qui a transformé son histoire personnelle douloureuse en un combat puissant pour les droits des femmes. Née en Guinée et survivante de l'excision et d'un mariage forcé, elle est devenue une voix majeure dans la lutte contre les mutilations génitales féminines et pour l'émancipation des femmes.
Enfance et éducation
Née le 25 octobre 1985 en Guinée, Diaryatou Bah grandit dans le petit village de Sakilé. Issue d'une famille nombreuse de 32 enfants nés de quatre co-épouses, elle est élevée jusqu'à l'âge de 10 ans par sa grand-mère dans une communauté de femmes. Cette période de sa vie est brutalement marquée par son excision à l'âge de 8 ans, en 1993, une pratique alors considérée comme traditionnelle et incontournable dans sa communauté.
Après le décès de sa grand-mère, elle rejoint son père, chef de quartier respecté, et ses co-épouses à Conakry. Sa vie bascule à l'âge de 13 ans lorsqu'elle est mariée de force à un homme de 45 ans qui se présente faussement comme fonctionnaire de l'Union européenne à Amsterdam.
Début du combat
Le mariage forcé marque le début d'une période traumatisante pour la jeune Diaryatou. Installée d'abord aux Pays-Bas puis en région parisienne, elle découvre que son mari est en réalité un marabout sans-papiers, déjà marié à trois autres femmes. Durant cette période, elle subit des violences conjugales régulières qui provoquent trois fausses couches, la première alors qu'elle n'a que 14 ans.
Le tournant de sa vie survient en 2004, alors qu'elle a 17 ans. En l'absence de son mari, elle découvre à la télévision le témoignage d'une femme ayant échappé à un mariage forcé. Cette révélation devient son catalyseur : elle contacte l'assistante sociale de la mairie des Lilas et parvient à s'échapper de son mariage. Malgré six mois difficiles passés dans la rue et dans des hébergements d'urgence, elle commence sa reconstruction, apprend le français, à lire et à écrire au foyer de jeunes travailleurs de Ménilmontant.
Activiste
À partir de 2006, Diaryatou Bah transforme son expérience personnelle en engagement militant. Elle fonde l'association "Espoirs et Combats des femmes" pour lutter contre l'excision et les violences faites aux femmes. Son action se déploie sur plusieurs fronts : sensibilisation en Guinée, où 97% des filles sont excisées selon l'UNICEF, intervention dans les prisons comme Fleury-Mérogis, et travail avec diverses associations dont "Excision, parlons-en !" et "Ni putes ni soumises".
Elle devient une figure importante de la lutte contre l'excision, notamment en tant qu'ambassadrice de la campagne "Alerte excision", qui vise à protéger les adolescentes susceptibles d'être excisées lors de séjours dans leur pays d'origine. En 2024, elle alerte sur un nouveau défi : la "médicalisation" de l'excision dans les hôpitaux africains, qui risque de pérenniser cette pratique en la rendant apparemment plus "sûre".
Œuvres
En 2006, Diaryatou Bah publie son autobiographie "On m'a volé mon enfance", un témoignage poignant qui devient un outil de sensibilisation crucial dans son combat. Le livre raconte son parcours depuis son enfance en Guinée jusqu'à son émancipation en France, offrant un éclairage précieux sur les réalités de l'excision et du mariage forcé.
Prix et reconnaissances
Son engagement lui vaut plusieurs distinctions importantes :
2018 : Prix du courage "Elles de France", remis par Valérie Pécresse
2021 : Soutien officiel de Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes
2022 : Chevalier de l'Ordre national du Mérite
2022 : Élue conseillère municipale à Romainville
Vie privée
Aujourd'hui, Diaryatou Bah travaille comme éducatrice dans un centre d'insertion sociale de l'association Aurore. Naturalisée française en 2014, elle poursuit son combat tout en aidant directement les personnes en situation de précarité. Elle maintient une présence active sur les réseaux sociaux, notamment via la page Facebook de son association, où elle reçoit de nombreux messages de jeunes filles d'origine africaine qui s'identifient à son parcours.
Conclusion
Le parcours de Diaryatou Bah illustre comment la résilience et le courage peuvent transformer une victime en militante puissante pour le changement social. Son combat contre l'excision et les violences faites aux femmes, enraciné dans son expérience personnelle, continue d'inspirer et d'aider de nombreuses femmes. Elle incarne l'importance de l'éducation dans l'émancipation des femmes et démontre que la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes nécessite un engagement constant et multiple, impliquant aussi bien les femmes que les hommes dans le combat pour l'égalité.