Aissata Camara "Commandant"

Aissata Camara "Commandant"
Prénom
Aissata
Nom
Camara
Surnom
Commandant
Pays de naissance
Guinée

Aissata Camara, surnommée "Commandant", est une illustre artiste-comédienne guinéenne originaire de Kankan. N'ayant pas fréquenté l'école durant l'époque coloniale, elle s'est forgé une place de choix dans le paysage culturel guinéen en développant son propre style de français dans la comédie. D'abord danseuse traditionnelle et pionnière du "Goumbé" dans sa région natale, elle a intégré successivement les troupes théâtrales Sabou puis Benso Sodia à Conakry après son mariage avec un militaire.

Pendant plus de trois décennies, elle a brillé dans de nombreux films populaires comme "Nioumagbè", "Dyélimankan" et "N'tamagno", participé à des tournées internationales notamment au Mali et au Burkina Faso, et collaboré avec des artistes renommés comme Sékouba Bambino Diabaté. Aujourd'hui veuve et mère d'un fils vivant, cette figure emblématique du théâtre guinéen vit dans des conditions précaires, lançant un appel aux autorités pour une reconnaissance de sa contribution au patrimoine culturel national.

A lire dans cet article

Introduction

Aissata Camara, affectueusement surnommée "Commandant", est une figure emblématique du théâtre guinéen. Née à Kankan, elle est la fille de feu Moussa et feue Sayon Camara. Veuve du militaire Sékou Kourouma (classe 62), cette artiste-comédienne est mère de deux garçons, dont un seul est encore en vie.

Débuts enracinés dans la tradition

N'ayant pas eu l'opportunité de fréquenter l'école durant la période coloniale, Aissata s'est néanmoins passionnée pour la langue française. Cette absence de formation académique l'a paradoxalement poussée vers la comédie, où elle a développé son propre "français", créant un style unique qui a conquis le public guinéen.

Sa carrière artistique a commencé très tôt par la danse. À Kankan, elle fut l'une des pionnières dans la vulgarisation du "Goumbé", une danse traditionnelle qui connut un immense succès dans la région. Elle faisait partie du même groupe que certaines futures célébrités guinéennes, comme feu Siaka Diabaté (surnommé "Siaka kudunin") du Bembeya Jazz National et Mory Keita.

Du théâtre local à la scène nationale

Après avoir intégré la troupe théâtrale du quartier Sogbè, Aissata rejoignit la troupe fédérale de Kankan, où elle se spécialisa dans le folklore. Sa participation à un festival national à Conakry marqua une étape importante dans sa carrière.

C'est après son mariage qu'elle s'installe à Conakry, au camp Alpha Yaya. Nadoua Bangaly, fondateur de plusieurs troupes importantes, la remarque et l'invite à rejoindre la troupe "Sabou". Après cinq années passées au sein de cette formation, elle devient membre de "Benso Sodia", née de la fusion avec "Sabou". C'est avec cette troupe qu'elle consolide sa notoriété et développe son talent d'actrice pendant plus de trois décennies.

Carrière riche en succès

Aissata Camara s'est illustrée dans de nombreux films qui ont marqué le paysage culturel guinéen : "Nioumagbè", "Dyélimankan", "N'tamagno" et bien d'autres. Avec la troupe Benso Sodia, elle a effectué de nombreuses tournées nationales et internationales, particulièrement au Mali et au Burkina Faso, où leurs spectacles rencontraient un vif succès.

Parmi ses souvenirs les plus marquants, elle évoque sa première tournée à Bamako, d'où elle est revenue avec trente complets de basin, alors qu'elle n'en possédait que deux à son départ. Cette anecdote symbolise pour elle la valorisation de son art.

Artiste polyvalente et demandée

Au-delà du théâtre traditionnel, Aissata Camara s'est imposée dans diverses productions audiovisuelles. Elle est régulièrement sollicitée pour des clips vidéo d'artistes renommés, comme dans "Koro ta sila" de Sékouba Bambino Diabaté. Elle a également joué dans des longs métrages, dont certains tournés en partie en Côte d'Ivoire, ainsi que dans des sketchs de sensibilisation sur des thèmes d'actualité.

Fin de carrière difficile

Malgré ses contributions significatives à la culture guinéenne, Aissata Camara vit aujourd'hui dans des conditions précaires. Elle réside chez son second fils qui, en plus de ses six enfants, subvient également aux besoins des dix enfants de son frère aîné décédé.

L'artiste lance un appel poignant aux autorités, particulièrement au président de la transition, le Général Mamady Doumbouya, ainsi qu'aux responsables du secteur culturel, pour qu'ils viennent en aide aux artistes vétérans comme elle, qui ont consacré leur vie à enrichir le patrimoine culturel guinéen mais se retrouvent aujourd'hui dans une situation de grande précarité.

Aissata Camara reste une fierté nationale et un témoignage vivant de la richesse culturelle de la Guinée, méritant reconnaissance et soutien pour ses contributions inestimables à l'art guinéen.