Diawadou Barry

Diawadou Barry
Prénom
Diawadou
Nom
Barry
Date de naissance
Date de décès
Pays de naissance
Guinée

Diawadou Barry était une figure politique majeure de la Guinée, né le 10 mai 1916 à Dabola et décédé le 1er juillet 1973 à Conakry. Issu de la prestigieuse lignée Soriya du Fouta-Djalon, il a joué un rôle crucial dans l'histoire de l'indépendance guinéenne. Formé à l'École Normale William Ponty, Barry a d'abord servi comme député à l'Assemblée nationale française de 1954 à 1958, avant de participer activement à la lutte pour l'indépendance de la Guinée.

Après l'indépendance, il a occupé des postes ministériels importants, notamment celui de ministre de l'Éducation nationale (1958-1961) et des Finances (1961-1963), ainsi que le poste d'ambassadeur au Caire. Malgré son ralliement initial au régime de Sékou Touré, il fut accusé de complot en 1969, arrêté et emprisonné au Camp Boiro, où il aurait été exécuté en 1973. Son parcours illustre les complexités et les tragédies de la période post-indépendance en Guinée.

A lire dans cet article

Introduction

Diawadou Barry, né le 10 mai 1916 à Dabola en Guinée française et décédé le 1er juillet 1973 à Conakry, fut une figure politique majeure de l'histoire guinéenne. Descendant de la prestigieuse lignée Soriya du Fouta-Djalon, il a joué un rôle crucial dans la lutte pour l'indépendance de la Guinée et a occupé des postes clés au sein du gouvernement post-colonial. Sa vie illustre les défis et les complexités de la transition de la Guinée vers l'indépendance et les premières années de la construction nationale.

Enfance et Éducation

Né dans une famille noble du Fouta-Djalon, Diawadou Barry était le fils aîné d'Almami Aguibou, un descendant de la branche Soriya de l'ancienne dynastie régnante de la confédération islamique de Fouta-Djalon. Cette ascendance lui conféra un statut social élevé dès son plus jeune âge.

Son éducation fut marquée par un mélange de traditions islamiques et d'enseignement colonial français. Il fréquenta l'École Normale William Ponty près de Dakar, au Sénégal, une institution prestigieuse qui forma de nombreux leaders africains de sa génération. Cette formation lui permit d'acquérir des compétences administratives et une compréhension approfondie du système colonial, tout en développant une conscience politique aiguë.

Parcours professionnel

Après l'obtention de son diplôme à l'École William Ponty, Barry entama une carrière dans l'administration coloniale. Il travailla comme comptable pour l'Afrique Occidentale Française (AOF), acquérant ainsi une expérience précieuse dans la gestion financière et administrative.

Sa carrière prit un tournant significatif lorsqu'il fut élu à l'Assemblée nationale française, où il siégea de 1954 à 1958. Cette expérience lui permit de développer ses compétences politiques et de se familiariser avec les rouages du pouvoir à Paris, tout en représentant les intérêts de la Guinée.

Parcours politique

Le parcours politique de Diawadou Barry fut marqué par son engagement précoce dans les mouvements politiques guinéens. Dès 1946, il s'impliqua dans le nouveau système de partis politiques émergeant en Guinée. Il joua un rôle actif au sein de l'Amicale Gilbert Vieillard (AGV), une association culturelle peule, et participa à sa politisation.

En 1949, Barry contribua à la formation du Comité d'Entente Guinéenne (CEG), dont il devint vice-président. Cette plateforme visait à unir les différents groupes ethniques et régionaux de Guinée. En 1955, il fonda le Bloc Africain de Guinée (BAG) avec Koumandia Keïta, dans le but de contrer l'influence croissante du Parti Démocratique de Guinée (PDG) de Sékou Touré.

Lutte pour l'indépendance de la Guinée

Le rôle de Barry dans la lutte pour l'indépendance de la Guinée fut complexe et parfois ambigu. Initialement opposé au PDG de Sékou Touré, il finit par se rallier à la cause de l'indépendance immédiate lors du référendum de 1958 sur la Constitution de la Ve République française.

En février 1958, Barry forma la section guinéenne du Parti du Regroupement Africain (PRA) avec Ibrahima Barry. Bien qu'initialement critique envers le PDG, le PRA-Guinée finit par s'allier à ce dernier pour mener une campagne commune en faveur du "Non" au référendum, ouvrant ainsi la voie à l'indépendance de la Guinée.

Ministre

Après l'indépendance de la Guinée en 1958, Diawadou Barry occupa plusieurs postes ministériels importants :

  1. Ministre de l'Éducation nationale (1958-1961)
  2. Ministre des Finances (1961-1963)

Ces nominations témoignent de la confiance initiale que lui accordait le régime de Sékou Touré, ainsi que de ses compétences reconnues en matière d'administration et de gestion financière.

Par la suite, Barry fut nommé ambassadeur de Guinée au Caire de 1963 à 1966, renforçant les liens diplomatiques de la jeune nation avec l'Égypte, un acteur majeur du mouvement des non-alignés.

Arrestation et mort

Malgré son ralliement au régime de Sékou Touré, la loyauté de Barry fut remise en question au fil des années. La "Révolution Culturelle Socialiste" proclamée en 1968 marqua le début d'une période de purges au sein du gouvernement guinéen.

En février 1969, Barry fut accusé d'avoir participé au prétendu "complot de Labé" (ou "complot Kaman-Fodéba") contre le régime de Sékou Touré. Il fut arrêté le 29 mars 1969 et incarcéré au tristement célèbre Camp Boiro.

Selon les informations disponibles, Diawadou Barry aurait été exécuté par un peloton d'exécution au Camp Boiro le 1er juillet 1973, victime des purges politiques qui ont marqué cette période sombre de l'histoire guinéenne.

Hommage

Malgré sa fin tragique, la mémoire de Diawadou Barry est honorée en Guinée. Deux établissements scolaires portent son nom :

  1. Le lycée-collège de Dabola, sa ville natale
  2. Une école primaire à Dixinn, un quartier de Conakry

Ces hommages témoignent de la reconnaissance de son engagement pour l'éducation et le développement de la Guinée.

Vie privée

Bien que les détails de sa vie privée soient peu documentés, on sait que Diawadou Barry était issu d'une famille influente du Fouta-Djalon. Son père, Almami Aguibou Barry, était chef de canton de Dabola jusqu'à la suppression de la chefferie administrative en 1957.

La vie familiale de Barry fut également touchée par la répression politique, puisque plusieurs de ses frères et son père, alors âgé de 75 ans, furent arrêtés peu après lui en 1969.

Conclusion

Diawadou Barry incarne les espoirs et les tragédies de la première génération de leaders politiques guinéens post-indépendance. Son parcours, de l'administration coloniale aux plus hauts postes de l'État guinéen, illustre les défis de la transition vers l'indépendance et les difficultés de la construction nationale.

Figure complexe et parfois controversée, Barry a néanmoins joué un rôle crucial dans l'histoire politique de la Guinée. Son destin tragique rappelle les tensions et les violences qui ont marqué les premières décennies de l'indépendance guinéenne sous le régime de Sékou Touré.

Aujourd'hui, Diawadou Barry reste une figure importante de l'histoire guinéenne, symbole à la fois des aspirations à l'indépendance et des défis auxquels ont été confrontés les leaders africains dans la construction de leurs nations nouvellement indépendantes.

 

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