Robert Sarah est un prélat catholique guinéen né en 1945, devenu l'une des figures les plus influentes et controversées du Vatican. Créé cardinal en 2010 par Benoît XVI, ce fervent défenseur des valeurs traditionnelles de l'Église a occupé des postes clés comme préfet de la Congrégation pour le Culte divin entre 2014 et 2021.
Réputé pour ses positions ultra-conservatrices contre l'avortement, l'homosexualité ou l'immigration de masse, cet ancien archevêque de Conakry qui a bravé la dictature marxiste dans son pays s'est attiré les éloges des catholiques traditionalistes mais aussi les critiques des progressistes. Évoqué à plusieurs reprises comme papabile potentiel, ce prélat africain au parcours hors norme incarne les profondes divisions de l'Église sur les questions sociétales.
Introduction
Robert Sarah est un prélat guinéen de l'Église catholique né le 15 juin 1945 à Ourous, un village rural de l'ancienne Guinée française. Issu d'une famille de cultivateurs convertis au christianisme, ce membre de l'ethnie Coniaguis est devenu une figure éminente au sein du Vatican, nommé cardinal en 2010. Ardent défenseur des valeurs traditionnelles de l'Église, il s'est illustré par ses prises de position tranchées sur des sujets comme la morale sexuelle, le droit à la vie ou la liturgie. Son parcours hors du commun en a fait un potentiel papabile régulièrement évoqué dans les médias.
Éducation
Entré au petit séminaire Saint-Augustin de Bingerville en Côte d'Ivoire dès l'âge de 12 ans, Robert Sarah a poursuivi sa formation au Sénégal après l'expropriation des biens de l'Église par le régime guinéen en 1961. Contraint d'interrompre ses études à plusieurs reprises en raison des tensions politiques, il obtient finalement une licence en théologie à l'Université pontificale grégorienne de Rome en 1974, après un passage par le Studium Biblicum Franciscanum de Jérusalem. Polyglotte, il maîtrise le français, l'anglais, l'espagnol et l'italien.
Parcours religieux
Presbytérat et épiscopat
Ordonné prêtre en 1969 pour le diocèse de Conakry, Robert Sarah est nommé archevêque métropolitain de la capitale guinéenne par Jean-Paul II en 1979. Consacré évêque la même année, il occupe cette fonction pendant plus de vingt ans, présidant les conférences épiscopales nationale et ouest-africaine. Son épiscopat est marqué par son opposition au régime marxiste répressif d'Ahmed Sékou Touré, qui l'inscrit sur une liste de condamnés à mort.
Cardinalat
Créé cardinal-diacre en 2010 par Benoît XVI avec le titre de San Giovanni Bosco in Via Tuscolana, Robert Sarah a droit de vote lors des conclaves jusqu'à ses 80 ans. Il est ainsi l'un des électeurs du conclave de 2013 qui voit l'élection du pape François. Son nom circule alors parmi les papabili.
Curie romaine
De 2001 à 2010, le prélat guinéen officie comme secrétaire de la Congrégation pour l'Évangélisation des Peuples sous Jean-Paul II. Il préside ensuite le Conseil pontifical Cor Unum chargé des œuvres caritatives de 2010 à 2014. En novembre 2014, le pape François le nomme préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, un poste influent qu'il occupe jusqu'en février 2021.
Autres nominations
Au fil des années, Robert Sarah siège au sein de plusieurs congrégations et conseils pontificaux, comme ceux pour l'Évangélisation des Peuples, pour les Laïcs ou pour la Justice et la Paix. Le pape François le nomme également membre du Comité pontifical pour les congrès eucharistiques internationaux en 2015.
Points de vue
Liturgie
Connu pour ses vues traditionalistes, le cardinal Sarah prône un rapprochement entre les différentes formes de la liturgie romaine et le retour de certaines pratiques abandonnées après Vatican II. En 2016, il suscite la polémique en appelant les prêtres à célébrer la messeface à l'Orient (ad orientem) plutôt que vers les fidèles, avant de faire machine arrière sur instruction du pape.
Islam
Bien qu'impressionné par la ferveur religieuse des musulmans dans son pays natal, Sarah condamne les ingérences militaires occidentales au Moyen-Orient qui ont décimé les communautés chrétiennes locales. Il rejette par ailleurs le "pseudo-islam idéologisé" légitimant des pratiques comme la polygamie ou les mariages d'enfants.
Homosexualité
Le prélat s'oppose avec virulence à toute reconnaissance légale des unions homosexuelles, y voyant une menace contre les valeurs familiales traditionnelles issues de la doctrine catholique. Il compare ainsi "les idéologies occidentales de l'homosexualité et de l'avortement" à "deux bêtes apocalyptiques" d'origine "démoniaques", au même titre que le nazisme ou le terrorisme islamique.
Abus sexuels
S'exprimant sur la crise des abus sexuels dans l'Église, Robert Sarah y voit comme cause principale "l'absence de Dieu" plutôt que des facteurs sociologiques ou culturels.
Immigration
Fervent critique d'une immigration de masse, le cardinal estime qu'il vaut mieux aider les migrants à s'épanouir dans leur culture d'origine plutôt que de les encourager à rallier une "Europe en pleine décadence".
Démission
À 75 ans, Robert Sarah démissionne de son poste de préfet de la Congrégation pour le Culte divin en février 2021, sur acceptation de sa démission par le pape François. Cela ne met cependant pas un terme à son cardinalat.
Distinctions
Au cours de sa carrière, le prélat guinéen s'est vu décerner de nombreuses distinctions honorifiques, comme la bailivaté grand-croix d'honneur et de dévotion de l'Ordre souverain de Malte (2016), la Grand-Croix de l'Ordre national du Bénin (2015) ou les insignes de Commandeur de la Légion d'honneur française (2012).
Conclusion
Haut dignitaire de l'Église catholique au parcours semé d'embûches, Robert Sarah s'est imposé comme l'une des voix les plus conservatrices du Vatican ces dernières années. Défenseur acharné du catholicisme traditionnel face aux avancées sociétales contemporaines, ce fils de la Guinée rurale a marqué les esprits par ses prises de position fracassantes et son importance croissante au sein de la Curie romaine. Considéré comme un potentiel successeur de plusieurs papes, ce pape noir qui aurait créé la surprise reste aujourd'hui une figure influente dont l'avenir au sein de l'Église soulève de nombreuses interrogations.