Jean-Marie Doré fut une figure majeure de l'opposition en Guinée. Toute sa vie, il se battit avec courage et ténacité pour la démocratie et les libertés dans son pays, n'hésitant pas à affronter les régimes autoritaires en place.
Emprisonné à plusieurs reprises, il refusa toujours de transiger avec ses convictions. Devenu Premier ministre lors de la transition démocratique en 2010, il joua un rôle crucial dans l'organisation d'élections libres, accomplissant ainsi son combat politique d'une vie.
A lire dans cet article
Introduction
Jean-Marie Doré fut l'une des figures de proue de l'opposition guinéenne face aux régimes autoritaires qui se sont succédé dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Engagé très tôt en politique, il a consacré sa vie à la défense des libertés et de la démocratie dans son pays, n'hésitant pas à affronter les puissants. Emprisonné à plusieurs reprises, il n'a jamais fléchi dans son combat.
Devenu Premier ministre lors de la transition qui a suivi la mort du président Lansana Conté en 2010, il a joué un rôle décisif pour mener la Guinée vers des élections libres et transparentes.
Homme de conviction doublé d'un habile négociateur, Jean-Marie Doré symbolise le courage et la ténacité de l'opposition guinéenne face à l'arbitraire.
Enfance et éducation
Né en 1938 à Bossou, dans la région forestière au sud-est de la Guinée, Jean-Marie Doré est issu de l'ethnie toma, l'un des groupes minoritaires du pays.
Après des études secondaires à Kindia, il part en France poursuivre des études supérieures en droit. C'est là qu'il découvre sa vocation politique, s'engageant au sein de la diaspora estudiantine guinéenne.
De retour au pays à l'indépendance en 1958, il entre au service de l'État tout en militant au sein du PDG, le parti unique du président Sékou Touré. Mais son esprit indépendant le pousse rapidement à s'éloigner du régime.
Dès les années 1960, il critique la dérive autoritaire du pouvoir, ce qui lui vaut une première arrestation.
Parcours politique sous Conté
Après la mort de Sékou Touré en 1984, Jean-Marie Doré fonde l'Union pour le progrès de la Guinée (UPG), un parti d'opposition.
Lorsque le général Lansana Conté prend le pouvoir, Doré devient l'un des principaux opposants au nouveau régime militaire. Intellectuel réputé pour sa verve et son franc-parler, il incarne une opposition radicale et intransigeante.
Considéré comme un trublion de la scène politique, il refuse toute participation au gouvernement sous Conté. Son fief électoral se trouve parmi les minorités de la région Forestière, dont il défend farouchement les intérêts.
Candidat à l'élection présidentielle de 1993, il n'obtient que 0,9% des voix. Deux ans plus tard, il est élu député, seul candidat UPG à l'emporter.
En 1998, il se présente de nouveau à la présidentielle et termine 4e avec 1,7% des suffrages. Durant les années 1990, il entretient des liens étroits avec le rebelle libérien Charles Taylor, cherchant à jouer les médiateurs dans le conflit civil au Libéria.
Avec l'approche de l'élection de 2003, Doré prend la tête du Front républicain pour l'alternance démocratique (FRAD), regroupant sept partis d'opposition.
Face au régime moribond de Conté, le FRAD appelle à reporter le scrutin et à instituer une commission électorale indépendante. En novembre 2003, Doré est arrêté pour avoir dénoncé la candidature de Conté en raison de son état de santé.
Libéré sous pression occidentale, il sort de prison encore plus déterminé à combattre le pouvoir. Le FRAD boycotte l'élection, largement remportée par Conté.
Transition après la mort de Conté
Lorsque Conté décède fin 2008, Doré appelle au respect des institutions tout en mettant en garde la junte militaire contre toute velléité de conserver le pouvoir.
Avec d'autres partis d'opposition, il forme le Forum des forces vives (FFV) pour réclamer un retour rapide à l'ordre constitutionnel. Habile négociateur, il dialogue avec la junte pour obtenir des élections libres et transparentes.
En 2010, le FFV propose Doré et la syndicaliste Rabiatou Serah Diallo pour diriger le gouvernement de transition. Retenu par la junte, Doré est nommé Premier ministre avec pour mission d'organiser l'élection présidentielle.
Malgré les difficultés, il parvient à constituer un gouvernement d'union nationale associant la junte et l'opposition. L'élection se tient dans des conditions correctes, consacrant la victoire d'Alpha Condé face à Cellou Dalein Diallo.
Doré remet sa démission après l'investiture du nouveau président, qui salue son rôle décisif pour la tenue d'un scrutin libre et transparent.
Mort et héritage
Réélu député en 2013, Jean-Marie Doré s'éteint en 2016, âgé de 77 ans. Par son intransigeance et son courage, il a incarné des décennies durant la lutte pour la démocratie en Guinée.
Sa participation au gouvernement de transition lui a permis de concrétiser son idéal politique d'élections libres et régulières dans son pays.
Malgré les aléas, il n'a cessé de se battre avec ténacité pour ses convictions, forçant l'admiration même de ses adversaires politiques. Jean-Marie Doré restera comme une figure majeure de l'histoire politique guinéenne contemporaine.
Conclusion
Jean-Marie Doré a consacré sa vie à la défense opiniâtre des libertés et de la démocratie dans son pays, en dépit des risques encourus. Emprisonné et maintes fois menacé, il n'a jamais transigé avec ses convictions profondément ancrées.
Devenu artisan du changement démocratique lors de la transition en 2010, il a su négocier habilement avec ses adversaires d'hier pour mener à bien l'organisation d'élections libres.
Par son courage, sa droiture et sa ténacité, Jean-Marie Doré incarne le meilleur de l'opposition guinéenne face à l'arbitraire des régimes autoritaires. Son parcours politique tortueux symbolise les espoirs déçus mais toujours renaissants de la démocratie dans son pays.