Toumba Diakité, de son vrai nom Aboubacar Sidiki Diakité, était un médecin militaire guinéen autrefois promis à un brillant avenir dans l'armée de son pays. Issu d'une famille de militaires respectés, il gravit rapidement les échelons grâce à ses compétences et son dévouement pour le métier des armes. Cependant, sa carrière a pris un tournant tragique lorsqu'il est devenu l'aide de camp et chef de la garde présidentielle du capitaine putschiste Moussa Dadis Camara en 2008.
Cette position stratégique a fait de lui l'un des principaux acteurs du massacre sanglant du 28 septembre 2009 à Conakry, où plus de 150 manifestants ont été tués et des dizaines de femmes violées. Accusé d'être le coordinateur de cette violente répression qualifiée de crime contre l'humanité, Toumba Diakité est ensuite passé dans la clandestinité pendant sept ans avant d'être arrêté et extradé pour être jugé en Guinée à partir de 2022.
Introduction
Toumba Diakité, de son vrai nom Aboubacar Sidiki Diakité, était autrefois un médecin militaire promis à un brillant avenir dans l'armée guinéenne. Issu d'une famille de militaires respectés, il a rapidement gravi les échelons, se forgeant une solide réputation de compétence et de dévouement au service de son pays. Cependant, la trajectoire de cet officier vénéré a pris un tournant tragique lorsqu'il est devenu l'aide de camp et chef de la garde présidentielle du capitaine putschiste Moussa Dadis Camara en 2008. Cette position stratégique l'a placé au cœur du pouvoir despotique de la junte militaire, faisant de lui l'un des principaux acteurs du massacre sanglant du 28 septembre 2009 à Conakry.
Enfance et Éducation
Né le 30 avril 1968 à Conakry, Toumba Diakité grandit dans une famille de militaires. Son père, le colonel à la retraite Mamadi Diakité, a servi pendant 14 ans au sein de la garde présidentielle sous la première république guinéenne. C'est probablement cette influence familiale qui pousse le jeune Aboubacar Sidiki à embrasser dès son plus jeune âge la carrière des armes.
Après des études supérieures dont on ne connaît pas les détails, Toumba intègre l'armée guinéenne en tant que médecin militaire. Ses compétences et sa dévoution lui permettent de gravir rapidement les échelons. Il se fait remarquer par sa droiture et son sens aigu du devoir, qualités prisées au sein des forces armées.
Parcours Militaire
Les premières années de la carrière de Toumba Diakité dans l'armée restent nimbées de mystère. On sait qu'il participe à plusieurs opérations visant à sécuriser les frontières et maintenir l'ordre en Guinée. Certaines rumeurs laissent cependant entendre qu'il aurait pu être impliqué dans des exactions et actes de corruption pendant cette période trouble.
Malgré ces bruits de couloirs, la réputation de fin stratège de Toumba n'est plus à refaire lorsque le capitaine Moussa Dadis Camara prend le pouvoir par la force en décembre 2008 après le décès du président Lansana Conté. Le rapport de force entre les deux hommes bascule à jamais.
Aide de Camp de Dadis
En 2008, Toumba Diakité est nommé aide de camp du nouvel homme fort de Guinée, Moussa Dadis Camara. Il devient également le chef de la garde présidentielle, un poste stratégique qui lui confère un pouvoir immense au sein du régime militaire.
Les raisons exactes de cette promotion fulgurante restent floues. Mais la loyauté dévoué à Dadis Camara et les liens personnels ténus qui semblent les unir ont probablement joué un rôle déterminant. Certaines rumeurs insistantes laissent même entendre que Toumba aurait exercé une influence mystique sur le capitaine putschiste.
Quel qu'en soit la raison, Toumba se retrouve aux premières loges du pouvoir de facto en Guinée. En tant que bras droit de Dadis Camara, il est impliqué de près dans la gestion des affaires du pays et le commandement de l'armée. Son influence grandit de jour en jour, au grand dam d'une partie de la junte qui le perçoit comme une menace.
Massacre du 28 Septembre 2009
Le 28 septembre 2009 marque un tournant tragique dans la descente aux enfers de Toumba Diakité. Ce jour-là, une manifestation pacifique de l'opposition guinéenne réunie au stade de Conakry est réprimée dans un bain de sang par les forces de l'ordre.
Selon de nombreux témoignages, Toumba est l'architecte de cette violente répression qui a coûté la vie à plus de 150 personnes et vu des dizaines de femmes se faire violer. En tant que chef de la garde présidentielle, il aurait coordonné le déploiement des troupes qui ont ouvert le feu à l'arme lourde sur les civils désarmés.
Les organisations de défense des droits humains accusent Toumba d'être le principal responsable de ce massacre qualifié de crime contre l'humanité. Ses actions ont choqué la communauté internationale et déclenché un vent de réprobation en Guinée comme à l'étranger.
Tentative d'assassinat contre Dadis Camara
Trois mois après la tragédie du 28 septembre, les relations entre Toumba Diakité et Moussa Dadis Camara, son mentor devenu cible, se dégradent dangereusement. Le 3 décembre 2009, une violente altercation éclate entre les deux hommes au camp militaire de Koundara.
Selon les témoignages, Toumba tente d'assassiner le président de la junte à l'arme à feu, le blessant grièvement. Dans un entretien accordé quelques jours plus tard à RFI, l'ancien aide de camp affirme avoir agi pour empêcher Dadis de rejeter sur lui la responsabilité du massacre.
Cette tentative d'assassinat ratée marque la rupture définitive entre les deux hommes. Toumba Diakité prend la fuite, marquant le début d'une longue cavale entrecoupée de quelques réapparitions remarquées dans les médias pour lancer des diatribes contre son ancien protecteur.
Vie d'Exil et Traque
Poursuivi par un mandat d'arrêt international, Toumba Diakité entame alors une longue période d'errance et de clandestinité qui va durer près de 7 années. Contraint de fuir la Guinée, il trouve temporairement refuge en Gambie avant de rallier le Sénégal voisin où il établit une nouvelle identité.
Mais même réfugié à l'autre bout de l'Afrique de l'Ouest, l'ancien bras droit de Dadis Camara ne peut échapper indéfiniment au bras de plus en plus long de la justice de son pays. Traqué par les forces de l'ordre, il doit se terrer dans la clandestinité, vivant dans la peur d'être arrêté à tout moment.
Du fond de sa cachette, Toumba continue cependant à manier la parole pour réaffirmer sa vision politique. Il appelle à l'avènement de la démocratie en Guinée, tout en plaidant sa propre cause auprès de la communauté internationale. Ses prises de position indignent mais lui permettent de rester une figure d'opposition incontournable.
Le Procès du Massacre du 28 Septembre 2009
C'est finalement à Dakar, la capitale sénégalaise, que la traque prend fin en décembre 2016. Après 7 ans de cavale, Toumba Diakité est appréhendé par les forces de l'ordre dans des circonstances troubles. Quelques semaines plus tard, il est extradé vers la Guinée pour y être jugé. Son procès pour les événements sanglants de septembre 2009 s'ouvre à Conakry le 28 septembre 2022, jour pour jour 13 ans après la tragédie.
Toumba Diakité fait face à des chefs d'accusations extrêmement lourds : crimes contre l'humanité, meurtres, viols, actes de torture et autres violations graves des droits de l'homme. Son rôle de premier plan dans l'organisation et la répression meurtrière de la manifestation est au cœur des débats. Pendant plusieurs semaines, la cour spéciale de Kaloum écoute les témoignages glaçants des victimes, des experts et des autres accusés. Dans un climat âpre et tendu, Toumba nie farouchement les faits qui lui sont reprochés, tandis que d'autres mis en cause, dont d'anciens proches, l'accablent.
La participation des victimes et de leurs familles au procès est cruciale pour établir la vérité et faire la lumière sur les responsabilités individuelles. Malgré les pressions et intimidations, de nombreux témoins n'hésitent pas à pointer du doigt l'ex-aide de camp de Dadis Camara comme l'instigateur du massacre.
Le verdict de ce procès historique est attendu dans les prochains mois. S'il est reconnu coupable, Toumba Diakité risque une lourde peine de prison à perpétuité, voire la peine capitale encore en vigueur en Guinée. Quelle que soit l'issue, cette bataille juridique marque une étape essentielle vers la vérité et la justice pour les victimes.
Prix et Reconnaissances
Malgré la déchéance de son parcours, Toumba Diakité continue de jouir d'un certain prestige au sein d'une frange de la population guinéenne. En 2023, il a d'ailleurs été élu "Personnalité Guinéenne de l'Année" par le site d'information Guinéenews, un choix très controversé.
Ses partisans se réfèrent à son passé de soldat valeureux et patriote, et le dépeignent comme un homme intègre et dévoué à sa nation malgré ses errements tragiques. D'autres, plus critiques, y voient surtout le culte malsain d'un boucher qui a trahi son serment d'officier. Pour les familles des victimes et les défenseurs des droits humains, cette reconnaissance est une insulte à la mémoire des martyrs du 28 Septembre et un crache au visage de ceux qui attendent encore justice.
Conclusion
Le sort de Toumba Diakité reste aujourd'hui en suspens, dans l'attente du verdict très attendu de son procès historique. Mais quelle que soit la sentence, son parcours illustre à quel point l'avidité du pouvoir peut conduire un homme à sombrer dans les pires atrocités. D'un médecin militaire au service respecté à l'apparatchik zélé d'une junte criminelle, la trajectoire de Toumba rappelle les dérives et revirements terribles qui ont jalonné l'histoire de la Guinée post-indépendance.
La chute de cet homme devenu bourreau symbolise aussi l'espoir d'une nation à se réconcilier avec son passé tumultueux, et le ferme désir des Guinéens d'en finir avec le cycle de violences qui a trop longtemps émaillé leur jeune démocratie.
En jugeant les responsables des pires crimes commis lors de la transition politique chaotique des années 2000, la Guinée lance un signal fort à ses dirigeants actuels et futurs. Nul n'est au-dessus des lois, et les exactions contre le peuple ne resteront pas impunies. C'est à ce prix que le pays pourra enfin se reconstruire et avancer sur la voie d'une paix durable et d'un État de droit solide.