
Le monde artistique guinéen a été secoué cette semaine par la réconciliation très médiatisée du couple emblématique formé par le chanteur Azaya et l'artiste Djelykaba Bintou Kouyaté, surnommée "La Patronne". Cette réconciliation, survenue lundi dernier après plusieurs mois de tensions et d'accusations de violences conjugales, suscite autant de soulagement que de controverses.
C'est à travers un message poignant sur sa page Facebook que Mohamed Kamissoko, connu sous le nom d'Azaya, a annoncé cette réconciliation : "Chaque ménage traverse des difficultés et fait face à des épreuves. Lorsqu'on s'est aimés et qu'on a parcouru un bout de chemin ensemble, il ne devrait plus y avoir de place pour la haine ou les rancœurs."
Cette médiation a été orchestrée par plusieurs personnalités influentes, dont le Président de la République lui-même, le Général Mamadi Doumbouya, ainsi que le Ministre de la Culture, Moussa Moïse Sylla. Azaya n'a pas manqué de leur exprimer sa "profonde gratitude" pour leur soutien et leurs "précieux conseils".
En signe de bonne foi, l'interprète de "Cercle de feux" a également annoncé son soutien au prochain concert de Djelykaba Bintou prévu le 26 avril 2025 au Stade Petit Sory de Conakry, promettant même d'offrir 200 billets à ses fans pour l'événement qui célébrera "la renaissance de la Patronne".
Toutefois, cette réconciliation publique a provoqué l'indignation de nombreux collectifs féministes qui dénoncent "une mise en scène politico-institutionnelle qui piétine le droit, l'éthique et la dignité des victimes". Dans un communiqué virulent, ces associations rappellent que "les violences conjugales ne sont pas des accidents de parcours. Elles ne sont ni privées, ni banales, ni négociables. Ce sont des infractions, parfois des crimes".
Les féministes accusent l'État guinéen d'avoir failli à ses responsabilités en s'associant à cette réconciliation sans exiger de reconnaissance explicite des faits ni de démarche de réparation de la part d'Azaya, qui était resté muet depuis la publication de photos montrant des traces de violence sur Djelykaba Bintou.
Cette affaire met en lumière les tensions persistantes entre les pratiques traditionnelles de résolution des conflits familiaux en Guinée et les exigences modernes de protection des droits des femmes. Elle questionne également le rôle des institutions publiques dans la gestion des affaires de violences conjugales impliquant des personnalités influentes.
Les fans du couple, quant à eux, semblent partagés entre le soulagement de voir leurs idoles à nouveau réunies et l'incompréhension face à la gravité des faits qui avaient initialement déclenché la polémique.