
Yamoussa Touré est un journaliste, syndicaliste et homme politique guinéen né le 29 juillet 1947 à Mamou, en République de Guinée. Figure emblématique du mouvement syndical guinéen, il a d'abord occupé des fonctions importantes au sein de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG) avant de fonder sa propre organisation, la Confédération Syndicale Autonome des Travailleurs et Retraités de Guinée (COSATREG), suite à un différend avec Amadou Diallo en 2011.
Défenseur ardent des droits des travailleurs et particulièrement des retraités, il s'est distingué par son engagement dans plusieurs mouvements de grève d'envergure nationale, notamment celle de février 2017 contre les nouvelles grilles indiciaires dans la fonction publique. Sa carrière a été marquée par des moments de tension et de réconciliation, illustrés par le retrait de sa plainte contre Amadou Diallo suite à une médiation en 2015. Depuis le 22 janvier 2022, il siège au Conseil national de la transition en Guinée en tant que représentant des centrales syndicales, couronnant ainsi un parcours dédié à la défense des droits sociaux.
Introduction
Yamoussa Touré, né le 29 juillet 1947 à Mamou en République de Guinée, est une figure emblématique du paysage syndical et politique guinéen. Journaliste de formation, il s'est progressivement imposé comme l'un des défenseurs les plus ardents des droits des travailleurs et des retraités dans son pays. Son parcours, jalonné de luttes et de convictions fortes, l'a conduit à occuper des postes importants dans les instances syndicales nationales, avant de siéger au Conseil national de la transition depuis janvier 2022. Portrait d'un homme dont l'engagement n'a jamais faibli malgré les obstacles et les revers.
Éducation
Bien que les documents fournis ne détaillent pas spécifiquement son parcours académique, on peut déduire que Yamoussa Touré a reçu une formation solide qui lui a permis d'accéder au métier de journaliste. Cette profession, exigeant rigueur intellectuelle et maîtrise de l'expression, constitue souvent un tremplin vers l'engagement sociétal. C'est probablement durant ces années de formation que se sont forgées ses convictions en faveur de la justice sociale et des droits des travailleurs, valeurs qui guideront l'ensemble de sa carrière ultérieure.
Carrière professionnelle
Le parcours professionnel de Yamoussa Touré s'est articulé autour du journalisme et de l'engagement syndical. Sa formation en journalisme lui a fourni les outils nécessaires pour analyser les problématiques sociales et économiques du pays, tout en développant ses capacités de communication et de plaidoyer. Cette double compétence s'est avérée précieuse dans ses futures fonctions syndicales, où l'art de convaincre et de mobiliser est essentiel.
Au fil des ans, Touré a progressivement orienté sa carrière vers le syndicalisme à temps plein, tout en conservant sa sensibilité de journaliste pour décrypter les enjeux sociaux et relayer efficacement les préoccupations des travailleurs. Ce mariage entre journalisme et syndicalisme a façonné un style d'action particulier, alliant analyse critique des politiques publiques et défense pragmatique des intérêts des salariés.
Syndicaliste
C'est dans le domaine syndical que Yamoussa Touré s'est véritablement distingué. Il a longtemps occupé des fonctions importantes au sein de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG), la plus ancienne et la plus influente des centrales syndicales du pays. Au fil des années, il s'est imposé comme l'une des voix les plus respectées du mouvement syndical guinéen, défendant avec constance les droits des travailleurs face aux pouvoirs publics et au patronat.
Toutefois, sa carrière au sein de la CNTG a connu un tournant décisif en 2011, lors du 16ème congrès de l'organisation. Une dispute concernant l'interprétation de l'article 47 du règlement intérieur, qui stipule que "tout membre d'un bureau syndical promu à un poste de responsabilité administratif ou législatif perd automatiquement sa fonction de responsabilité syndicale", a conduit à une scission au sein de la confédération. Cette crise a opposé Yamoussa Touré à Amadou Diallo pour le poste de secrétaire général.
Débouté par la justice dans ce conflit interne, Touré a décidé en 2014 de créer sa propre organisation : la Confédération Syndicale Autonome des Travailleurs et Retraités de Guinée (COSATREG). Cette nouvelle structure, dont il devient le secrétaire général, se distingue par son attention particulière portée aux retraités, une catégorie souvent négligée dans les luttes syndicales traditionnelles. Selon ses propres mots : "La retraite, c'est comme la mort. Ils [les retraités] doivent être dans les mêmes conditions que les travailleurs."
Grèves syndicales
En tant que figure de proue du syndicalisme guinéen, Yamoussa Touré a été impliqué dans plusieurs mouvements de grève d'envergure nationale. L'un des plus significatifs fut la grève d'avertissement d'une semaine lancée le 1er février 2017, à laquelle sa confédération, la COSATREG, a activement participé aux côtés d'une dizaine d'autres centrales syndicales.
Ce mouvement visait principalement à protester contre "les nouvelles grilles indiciaires et la rétrogradation de tous les fonctionnaires". Interrogé aux premières heures de ce débrayage, Touré précisait que "c'est toute l'administration publique qui est concernée", soulignant l'ampleur de la mobilisation. Parmi les revendications figuraient également "la non-application du statut particulier de l'Éducation en général et de l'Enseignement Supérieur en particulier, la persistance de la marginalisation du Mouvement syndical à travers l'Unité d'Action Syndicale par les ministres du Travail et de la Fonction Publique".
Cette grève illustre parfaitement l'approche de Touré : une action collective, coordonnée entre différentes organisations, pour défendre les acquis sociaux et lutter contre ce qu'il perçoit comme des injustices envers les fonctionnaires. Sa capacité à fédérer au-delà des clivages internes au mouvement syndical témoigne de son influence et de sa crédibilité auprès des travailleurs.
Vie privée et réconciliation
La vie personnelle de Yamoussa Touré reste relativement discrète dans les documents disponibles. Néanmoins, un épisode marquant de sa trajectoire personnelle et professionnelle mérite d'être souligné : la réconciliation avec son rival syndical, Amadou Diallo.
Les tensions entre les deux hommes avaient atteint leur paroxysme le 6 mai 2015, lorsqu'une altercation dans les couloirs du ministère du Travail avait dégénéré. Suite à une simple salutation de Touré, Diallo avait répondu par des violences verbales avant de lui asséner un coup de poing et de proférer des menaces de mort. Cet incident avait conduit Yamoussa Touré à porter plainte contre son agresseur.
Cependant, grâce à l'intervention de personnalités respectées comme Hadja Rabiatou Serah Diallo, ancienne présidente du Conseil national de la transition (CNT), et l'homme d'affaires Kerfala "KPC" Camara, une médiation a été organisée le 17 mai 2015. Lors de cette rencontre, Amadou Diallo a reconnu ses torts et présenté ses excuses à Yamoussa Touré qui, selon ses propres mots, les a acceptées en tant que musulman. Dès le lendemain, il retirait sa plainte, mettant ainsi fin à cette regrettable affaire.
Cet épisode révèle un aspect important de la personnalité de Touré : sa capacité à privilégier la réconciliation et l'apaisement quand les circonstances s'y prêtent, sans pour autant renoncer à ses convictions fondamentales. Il démontre également l'importance des valeurs religieuses dans sa vie personnelle, puisqu'il invoque explicitement sa foi musulmane pour justifier son pardon.
Vision du syndicalisme
Au fil de sa carrière, Yamoussa Touré a développé une vision critique et lucide du mouvement syndical guinéen. Selon lui, "l'affairisme, l'opportunisme et la politisation du mouvement syndical l'ont conduit à son déclin". Cette analyse l'a poussé à créer la COSATREG, qu'il conçoit comme une organisation "apolitique, libre, indépendante et démocratique", avec pour devise "Paix – Justice – Progrès".
Pour Touré, le syndicalisme ne doit pas être inféodé aux partis politiques ou aux intérêts particuliers. Il doit rester fidèle à sa mission première : défendre les droits des travailleurs et améliorer leurs conditions de vie. C'est pourquoi il insiste sur le strict respect de la séparation des pouvoirs entre le gouvernement, le patronat et les syndicats.
Sa décision d'inclure explicitement les retraités dans le champ d'action de sa confédération témoigne également d'une vision inclusive du syndicalisme, qui ne doit pas abandonner les travailleurs une fois leur vie active terminée. Cette attention portée aux aînés révèle une conception de la solidarité intergénérationnelle qui dépasse le cadre traditionnel des luttes syndicales.
Conclusion
La trajectoire de Yamoussa Touré illustre l'évolution du syndicalisme guinéen au cours des dernières décennies, avec ses avancées, ses crises et ses recompositions. De la CNTG à la COSATREG, du conflit à la réconciliation, cet homme né en 1947 a traversé les époques sans jamais renoncer à son engagement en faveur des travailleurs et, plus récemment, des retraités.
Sa nomination au Conseil national de la transition en janvier 2022, en tant que représentant des centrales syndicales, vient couronner un parcours riche et mouvementé. Elle témoigne de la reconnaissance de son expertise et de sa légitimité dans le domaine social, au-delà des clivages qui ont pu marquer sa carrière.
Au crépuscule de sa vie professionnelle, Yamoussa Touré laisse l'image d'un syndicaliste intègre, capable de se réinventer face à l'adversité et de créer de nouvelles structures quand les anciennes ne répondent plus à ses exigences éthiques. Son parcours rappelle que le syndicalisme, loin d'être une simple fonction administrative, reste avant tout un engagement moral au service de la justice sociale et de la dignité humaine.
Dans un pays comme la Guinée, où les défis économiques et sociaux demeurent immenses, l'héritage de Yamoussa Touré inspire les nouvelles générations de syndicalistes à poursuivre le combat, tout en gardant à l'esprit sa maxime : "Une organisation syndicale ne vaut que ce que valent ses dirigeants".