Abdoulaye Touré (1920-1985) fut l'une des figures politiques les plus importantes de la première République de Guinée, dont le parcours remarquable illustre les dynamiques complexes de cette période historique. Issu d'une lignée prestigieuse, il était le petit-fils de deux personnalités majeures de l'histoire ouest-africaine : Samory Touré et Masséré Cissé, fondateur de l'empire du Wassoulou.
Né à Kankan, Touré suit une formation médicale à la prestigieuse École normale William-Ponty, démontrant dès ses débuts un engagement pour le service public. Dans les années 1950, il exerce comme médecin à l'EFA de Bangui, ainsi qu'à Kankan et Siguiri, contribuant au développement du système de santé local.
Son parcours politique s'accélère au sein du Parti démocratique de Guinée, où il occupe successivement des postes de responsabilité croissante. D'abord gouverneur à Boffa puis à Nzérékoré, il entame ensuite une carrière diplomatique remarquable comme ambassadeur au Mali (1962) puis en Algérie (1968). Sa nomination comme représentant de la Guinée aux Nations Unies en 1970 marque l'apogée de sa carrière diplomatique.
Le 19 juin 1972, Touré atteint les plus hautes sphères du pouvoir en devenant membre du Comité central et ministre du commerce extérieur. Son influence continue de croître jusqu'à sa nomination comme ministre des affaires étrangères le 1er juin 1979, poste qu'il occupe jusqu'aux bouleversements politiques de 1984.
Le destin d'Abdoulaye Touré prend un tournant tragique après le coup d'État qui suit la mort de Sékou Touré. Arrêté le 3 avril 1984, il connaît une fin tragique en juillet 1985 à Kindia. Son parcours illustre les turbulences politiques qui ont marqué cette période de l'histoire guinéenne, laissant une empreinte indélébile dans la mémoire collective du pays.