Mamadi Doumbouya, président du Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD), est une figure éminente en Guinée, ayant occupé le poste de président depuis son coup d’État militaire en 2021.
Avant sa carrière politique, Doumbouya avait une vaste expérience militaire, ayant servi comme légionnaire français avant de rejoindre l'armée guinéenne. Plus tard, il s'est élevé à travers les rangs pour devenir le chef du Groupe des Forces Spéciales de Guinée, poste qu'il a occupé jusqu'à son coup d'Etat.
L'histoire et l'expérience militaire de Doumbouya ont façonné son style de leadership, qui se caractérise par une approche non-sens de la gouvernance.
Dans cette biographie, nous plongerons plus profondément dans la vie de Mamadi Doumbouya, explorant ses premières années, sa carrière militaire et son ascension au pouvoir en tant que président de la Guinée Conakry.
À travers cela, nous espérons acquérir une meilleure compréhension de l’homme derrière la figure politique et des facteurs qui ont façonné son style de leadership.
Introduction
Mamadi Doumbouya, né le 5 décembre 1984 à Bananköröda dans la ville de Kankan, est un militaire et homme d'État guinéen. Après une carrière au sein de l'armée française en tant que légionnaire, il revient en Guinée en 2012 et prend le commandement en 2018 du Groupement des forces spéciales de l'armée guinéenne, une unité d'élite spécialisée dans l'antiterrorisme. En septembre 2021, il mène un coup d'État contre le président Alpha Condé et devient président du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) et président de la Transition en Guinée.
Enfance
Mamadi Doumbouya naît le 4 mars 1980 à Bananköröda, dans la région de Kankan, deuxième plus grande ville de Guinée située à l'est du pays. Il est le fils de Karifala Doumbouya et de Hadja Mandioula Sylla. Il fait ses études primaires à l'école Dramé Oumar de Kankan.
Éducation et Formation
Après son primaire, Mamadi Doumbouya poursuit sa formation au Sénégal, au Gabon et en Israël, où il suit des formations militaires. Il est également stagiaire guinéen de l'École de guerre en France, où il obtient un brevet français d'études supérieures militaires. Il est également titulaire d'un master de défense de l'université Paris-Panthéon-Assas et d'un diplôme de Saumur dans le cadre de la coopération entre la France et les États africains partenaires pour la formation de gradés.
Carrière militaire
En 2009, Mamadi Doumbouya termine son contrat de légionnaire dans l'armée française, atteignant le grade de caporal. Il revient en Guinée en 2012 et, à partir de 2018, prend le commandement du Groupement des forces spéciales (GFS ou GPS), une unité d'élite de l'armée guinéenne spécialisée dans l'antiterrorisme. Il défile en tête de cette unité lors de la fête nationale des 60 ans de l'indépendance de la Guinée. En 2019, il participe à une formation militaire Flintlock pour l'élite militaire africaine, représentant son pays à Ouagadougou. Il devient lieutenant-colonel en 2019 puis colonel en 2020.
Tout au long de l'année 2021, il tente de rendre le Groupement des forces spéciales moins dépendant du ministère de la Défense nationale, ce qui suscite la méfiance du pouvoir guinéen. Des rumeurs font même état de son arrestation en mai 2021. Finalement, le 24 janvier 2024, il est élevé au grade de général de corps d'armée des forces armées de la Guinée et quitte la tête du Groupement des forces spéciales après six ans de commandement, remplacé par le colonel Mouctar Kaba.
Coup d'État de 5 septembre 2021
Le 5 septembre 2021, Mamadi Doumbouya annonce l'arrestation du président de la République Alpha Condé, la destitution du gouvernement, la suspension de la Constitution, l'instauration d'un couvre-feu ainsi que la fermeture des frontières terrestres et aériennes. Invoquant "la situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l'instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens", il proclame la mise en place d'un Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) et invite les militaires à rester dans les casernes. Il déclare alors : "Nous n'avons plus besoin de violer la Guinée : on a juste besoin de lui faire l'amour, tout simplement."
Président de la Transition
Douze jours après le coup d'État, le 17 septembre 2021, la junte le désigne président de la République. Le 27 septembre, la charte de la transition est publiée, faisant de Doumbouya le président de la Transition. Elle prévoit également la désignation d'un Conseil national de la transition, faisant office de Parlement, qui devra rédiger la prochaine Constitution. Par ailleurs, Doumbouya et les autres membres de la junte sont déclarés inéligibles pour les prochaines élections. Il prête serment le 1er octobre au palais Mohammed V devant la Cour suprême.
Dès le 6 octobre 2021, Doumbouya nomme Mohamed Béavogui Premier ministre. Le 11 octobre, il reçoit le soutien de Julius Maada Bio, président de la république de Sierra Leone, qui devient le premier chef d'État à rendre visite à la Guinée depuis le coup d'État, permettant la réouverture des frontières avec les pays limitrophes.
Le 10 décembre 2021, Mamadi Doumbouya met en place le Bureau de suivi des priorités présidentielles (BSPP), un organe chargé de veiller à l'exécution des programmes prioritaires du président de la transition.
En avril 2022, il ordonne aux compagnies minières majoritairement détenues par des capitaux étrangers de lancer la construction d'usines afin de raffiner la bauxite dans le pays. Le 20 août 2022, il nomme Bernard Goumou Premier ministre en remplacement de Mohamed Béavogui. Puis, le 27 février 2024, il nomme Bah Oury Premier ministre, remplaçant Bernard Goumou.
Pérennisation de la transition
Début mai 2022, la junte annonce une transition de trois ans et trois mois à partir de cette date. Cependant, sous la pression de la CEDEAO et d'une partie de la communauté internationale, le délai est finalement écourté à trois ans en octobre 2022. Mamadi Doumbouya s'engage alors à réduire encore la durée de la transition, annonçant deux années à compter de janvier 2023.
Le 28 janvier 2023, il reçoit la visite du président sierra-léonais Julius Maada Bio à l'aéroport Ahmed-Sékou-Touré de Conakry, en visite de travail en Guinée.
Après l'explosion meurtrière du dépôt de carburant de Kaloum le 17 décembre 2023, Mamadi Doumbouya présente ses condoléances aux familles des victimes et au peuple guinéen.
Le 31 décembre 2023, il annonce l'organisation d'un référendum constitutionnel "au cours de la nouvelle année".
Dissolution du gouvernement
Le 19 février 2024, le général Mamadi Doumbouya annonce la dissolution du gouvernement de la transition dirigé par Bernard Goumou, sans donner plus de détails. Le CNRD indique le gel des comptes bancaires, le retrait des gardes du corps, la récupération des véhicules de fonction et la saisie des passeports des membres de l'ancien gouvernement. La gestion des affaires courantes sera assurée par les hauts fonctionnaires jusqu'à la nomination d'un nouveau gouvernement.
Politique étrangère
Sur le plan diplomatique, Mamadi Doumbouya effectue plusieurs déplacements à l'étranger. Le 21 septembre 2021, il se rend à Bamako pour une visite de travail, reçu par le colonel Assimi Goïta. Le 28 octobre 2022, il rend visite au président sierra-léonais Julius Maada Bio. Le 3 juin 2023, il participe à l'investiture du président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara. En septembre 2023, il prend part à la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.
Opposition politique
Bien que la junte ait exclu Mamadi Doumbouya et ses membres de toute future élection, une opposition politique commence à se structurer en Guinée. Certains partis et figures de l'opposition à l'ancien régime d'Alpha Condé expriment leurs réserves sur le processus de transition et réclament un retour rapide à l'ordre constitutionnel.
Décorations et honneurs
En reconnaissance de son action, Mamadi Doumbouya a reçu plusieurs distinctions :
- 2021 : Grand-croix de l'ordre national du Mérite de la République de Guinée
- 2022 : Grand-croix de l'ordre national de la République du Mali
- 2023 : Docteur honoris causa de l'Université Gamal-Abdel-Nasser de Conakry
Vie privée
Mamadi Doumbouya est marié à Lauriane Doumbouya, une Française sous-officier de gendarmerie. Ensemble, ils ont cinq enfants.
Conclusion
Issu des rangs de l'armée guinéenne, Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir en 2021 par un coup d'État visant à mettre fin au régime d'Alpha Condé. Depuis, il s'est imposé comme le président de la transition en Guinée, avec pour objectif affiché de redresser la situation politique, économique et sociale du pays. Son parcours et ses actions suscitent de nombreux débats, entre soutiens et oppositions, au niveau national comme international.