Kankan, la ville de la haute Guinée, est une fois de plus secouée par une controverse d'envergure impliquant une figure religieuse de premier plan. El Hadj Souleymane Sidibé, le président de la très influente Association Nourdine Islam, a été sévèrement sanctionné par les plus hautes autorités religieuses de la région.
Dans une décision fracassante datée du 31 mai 2024, le secrétaire général préfectoral des Affaires religieuses de Kankan, le secrétaire général communal des Affaires religieuses de Kankan et l'inspecteur de la Ligue islamique régionale ont prononcé la suspension d'El Hadj Souleymane Sidibé et de son association de toutes les activités religieuses.
Les raisons invoquées pour cette sanction sans précédent sont lourdes de sens. Les autorités reprochent à l'érudit un manque de respect envers la personne humaine, un mépris de la hiérarchie islamique supérieure et un comportement qualifié d'"antireligieux". Des accusations qui, si elles s'avéraient fondées, terniraient gravement l'image et la crédibilité de cette figure respectée du paysage religieux guinéen.
Contacté pour réagir à cette affaire explosive, El Hadj Souleymane Sidibé a adopté une posture digne et mesurée, refusant d'alimenter la polémique. Dans une déclaration recueillie mardi 4 juin 2024, le président de Nourdine Islam a affirmé n'avoir reçu aucune notification officielle concernant sa suspension supposée. Avec un calme olympien, il a confié s'en remettre à la volonté divine, certain que la vérité finira par éclater au grand jour.
"Je ne suis pas informé de cette sanction, a déclaré l'érudit. Moi, je n'accuse pas quelqu'un, c'est Dieu qui surveille tout le monde. Si quelqu'un m'accuse, moi j'attends Dieu qui connaît tout. Quand Dieu te confie quelque chose que tout le monde est en train de chercher, il va créer d'autres personnes pour vous combattre. Mais si tu crois en Dieu, tout le monde verra la vérité."
Cette affaire soulève de nombreuses interrogations quant aux véritables motivations des autorités religieuses. S'agit-il d'un règlement de compte lié à des différends doctrinaux ou à des luttes de pouvoir au sein de la sphère religieuse guinéenne ? Ou bien les accusations portées contre El Hadj Souleymane Sidibé sont-elles réellement fondées sur des manquements graves à l'éthique et à la morale islamiques ?
Quoi qu'il en soit, cette polémique remet une fois de plus en lumière les tensions et les clivages qui secouent parfois le paysage religieux guinéen. Dans une nation où la foi occupe une place prépondérante, de tels scandales mettent à rude épreuve la cohésion et la quiétude de la communauté musulmane.
Pour l'heure, El Hadj Souleymane Sidibé compte sur sa foi inébranlable et sur le jugement divin pour dissiper ce nuage de suspicions. Ses fidèles et ses soutiens, quant à eux, attendent avec ferveur que la vérité éclate au grand jour. Une chose est sûre, cette affaire risque d'alimenter les discussions et les passions pendant de longues semaines, voire de longs mois, au sein de la société guinéenne.